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23 mai 2023
Météo marine
Voici la retranscription des questions-réponses à Nicolas Remy lors du webinar du lundi 5 juin à 18h30
Nicolas de Ready4sea c'est un : "tourdumondiste" et passionné de météo, il nous raconte sa manière d'appréhender le sujet et partage avec nous des trucs et astuces.
Q1 Au quotidien, comment gérais-tu la météo ?
La météo était un sujet de tous les jours qui dépendait aussi du fait de si on est en mer ou si on est à terre, au mouillage et prêt à partir en navigation. A terre on profite un maximum pour récupérer les données météo, les prévisions et les différents modèles pour mettre en place la stratégie des jours à venir. En fonction des prévisions ça nous permettait de choisir le bon moment pour partir. Une fois en mer, et encore proche de la côte on arrive avoir encore des prévisions avec le réseau mobile mais lorsque l'on part pour une traversée océanique on est hors de portée VHF, sauf du téléphone satellite qui nous permettait de prendre quelques prévisions de petite taille. C'était un rituel 1x par jour. Lors de situation stable on prenait tous les 2 à 3 jours. Lors que c'était compliqué on n'hésitait pas à chercher une météo 2x par jour. Analyser la météo, faire des scénarios sur la route à prendre. La météo une fois en mer, c'était un quart de mon temps. C'est vraiment une occupation majeure.
Q2 Sous quelle forme recueillais-tu les informations météo ?
A terre on peut recueillir des informations sur la météo très importantes avec des applications, des modèles météo, des fichiers grib de grande taille, des cartes isobariques. Cela donne des prévisions et ce que j'aime c'est pourvoir recaler avec la réalité. Je regardais souvent les observations en temps réel, à savoir, le radar qui indique la pluie, de voir les photos satellite, permet de voir dans certaine zone, nottamment au pot-au-noir ou dans les alizés, identifier les moments où ça va secouer un peu plus ou éventuellement éviter. La difficulté ou le challenge, réside à faire la part des choses de toutes ces données brut. Recueillir des bulletins météo qui ont été vu par des prévisionnistes c'est aussi une très bonne information car eux aussi peuvent voir des choses que nous ne voyons pas forcément.
Q3 On parle de fichier GRIB, est-ce que c’est juste ?
Un fichier Grib c'est une sortie de modèle numérique, c'est de la donnée brut. Il faut bien voir qu'aujourd'hui, la météo, ça se passe avec des supercalculateurs qui tournent dans des datacenters énormes dans tous les bureaux météo de la planète et à la sortie de cela tu as une simulation. Elles ont un scénario qui dépend des fichiers utilisés. Il y a différents noms, l'Américain le plus connu s'appelle GFS, l'Européen CEP ou ECWMF et il y en a d'autres. Ce sont différents modèles et chacun sort un scénario qu'il estime le plus probable. Sous la forme d'un fichier numérisé. Il faut imaginer un maillage de point autour de la planète et à chaque point qui peuvent être espacés d'un degré ou un quart de degré et bien pour chaque point, le modèle indique qu'à telle heure il y aura tel vent , tel pluie, telle nébulosité, hauteur de vague. On injecte ces fichiers Grib dans un logiciel que l'on a téléchargé, cela nous permet avec un fichier très compact, de réussir à avoir la prévision telle qu'elle est sortie par le modèle. La prévision du modèle est une donnée brute, numérique, qui n'a pas été retravaillé par un prévisionniste. C'est donc un fichier très léger qui nous permet d'obtenir beaucoup d'information avec un faible téléchargement.
Q4 Si l’électronique est d’une aide indispensable, l’œil et le ressenti ont aussi de l’importance ? N’est-ce pas ? Effectivement, je vais te donner un exemple. On est en mer depuis 2 jours, on recale certaines choses et on se rend compte que le phénomène attendu à du retard. Il faut être très à l'écoute de la nature qui nous entoure pour voir si le modèle prévu correspond avec la réalité. Parfois on se retrouve avec des infos de 20 nœuds avec des rafales jusqu'à 35 et on a en fait 30 nœuds avec des rafales à 45. Alors, est ce que c'est normal ? C'est là qu'il faut regarder son environnement parce que si on est dans l'axe d'une vallée, les informations reçues concernent une zone large et ne tiennent pas forcément compte de spécificité très locale. Ou alors on peut se retrouver sous un grain et ça peut être relativement aléatoire. Il faut regarder ce qu'il se passe autour, les nuages, les trains de houles. Par exemple, ma femme ressent les trains de houles avant que j'ai pu les voir car ça la rend malade. Il y a plein de trucs comme ça qui peuvent annoncer certaines choses. C'est comme une énigme permanente, il faut rassembler les indices et imaginer que c'est peut être ça qui va se passer. Se dire que le système à peut-être de l'avance ou alors il s'est décalé et ça on le voit aussi à l'œil nu. Il faut rester à l'écoute des éléments en tenant compte des informations reçus et comparer pour ensuite anticiper.
Q5 Quel est ton pire cauchemar niveau météo ? As-tu une anecdote sur le sujet ?
De me faire prendre dans un cyclone, c'est le phénomène le pire qu'il puisse y avoir. Sur l'échelle de Beaufort à partir de 64 nœuds, c'est considéré comme un ouragan. Mais dans la vraie vie, ça ne s'arrête pas à l'échelle de Beaufort. Y a des cyclones avec 120-130 nœuds. On savait très bien que si un jour on se retrouvait dans cette situation, on ne serait probablement plus là pour en parler. J'ai le bonheur de dire que l'on a su éviter ce genre de situation. Le plus désagréable, vécu en mer, c'était les orages. 40 nœuds ça commence à faire beaucoup, mais parfois la difficulté n'est pas de se retrouver avec beaucoup de vent ou de mer mais de se retrouver dans une cellule orageuse. Nottamment à 3 reprises, dans le pot-au-noir entre le cap vert et le Brésil, au sud de Madagascar et dans le Golfe Stream au large des Etats-Unis et des Bermudes. Quand on se retrouve dans ces cellules on ne sait pas trop où est la sortie et on subit. On fait confiance au bateau, il doit suivre sa route et on espère ne pas être frappé par la foudre. Parce que c'est ça le vrai danger, c'est un stress. Il y a un risque pour le bateau et même s'il résiste, généralement après il n'y a plus d'électronique à bord. Ce que nous faisions c'était de mettre dans une boîte en fer blanc, un gps portable et une VHF portable de secours. Le tout que l'on mettait dans le four du bateau. Dans l'espoir que si on était frappé, le four et la boite en fer blanc, jouent le rôle d'une cage de Faraday.
Q6 La météo est-elle un sujet de discussion créant des liens sur les pontons ?
la météo entre navigateurs c'est toujours un sujet de discussion, qui crée des liens, des échanges et peut provoquer aussi des tensions. Certains poussent à sortir alors il ne faut pas se sentir obligé de suivre pour se retrouver à être dans une situation que l'on aurait choisi qu'à moitié.
Q7 L’impact de la météo sur un trajet te permet-il d’anticiper un changement de cap, un virement de bord ?
Oui carrément, avec les fichiers dans le logiciel, on effectuait un routage en tenant compte de certains paramètres, du point d'arriver et on savait ou on pouvait effectuer un virement de bord, tout en regardant autour de nous pour voir si le modèle sortie du logiciel correspondait à la réalité du moment.
Q8 Idée reçue, le baromètre est-il l’ami des marins ou un objet de déco sur un bateau ?
Pour moi c'est les 2 mais surtout c'est utile. Le baromètre est un outil qui permet de mesurer la pression, chose que l'humain ne peut pas. Une valeur donnée ne veut rien dire, ce qui est important c'est la tendance. Est ce qu'elle est stable, en train de chuter, de descendre en flèche ? Typiquement cela nous est arrivés, le baromètre a bipé, son alarme a sonné, nous étions en direction de Rio en longeant la côte, j'ai préféré prendre le large, bien nous en a pris, ce n'était pas prévu. 4 heures plus tard un front est arrivé, c'est le baromètre qui nous l'a indiqué. On a préféré allez au large plutôt que d'être pris dans le front à proximité des côtes.
Q9 Est-ce que tu navigues par tous temps ou t’imposes-tu des limites ?
Oui forcément des limites, le but étant de se balader et de ne pas tout casser. On avait une chance avec ce voyage, on avait le temps. Alors lorsqu'il y a mauvais temps, on reste au port. Il ne faut pas se forcer à sortir avec des vagues de 6 mètres pour respecter un horaire par exemple.
Q10 Ce qui importe pour toi, la force du vent ou le sens du vent ?
Question difficile ! Si, on doit considérer que c'est un qui doit primer, c'est la force. S'il y a 5 ou 10 nœuds de prévu, je préfère faire du près ou du bon plein afin de générer son propre vent, le bateau va être bien appuyé, ça va être confortable. Par contre avec un vent arrière avec 5 nœuds, c'est horrible parce qu'il se passe rien, ça roule dans tous les sens. Avec 5 à 10 nœuds de vent je préfère être serré et avec plus de 10 nœuds ce sera au portant.
Q11 Quelles sont les meilleures applis pour suivre la météo ?
Sans aucun doute WINDY ! j'ai écrit d'ailleurs un article à l'automne dernier sur le sujet, sur les divers applications à avoir sur son téléphone en matière de météo. https://ready4sea.com/7-applis-mobiles-essentielles-naviguer/
Q12 Nicolas, voici ma dernière question. Je crois savoir que tu es aussi entrepreneur et que ton agenda est bien chargé. Et maintenant qu’est-ce que tu deviens ?
Je suis devenu entrepreneur sur un projet que je viens de lancer, basé sur mon expérience de "tourdumondiste" avec la création d'une application. L'appli pour les plaisanciers et les professionnels du nautisme, permet de suivre l'entretien de leur bateau. D'anticiper, de maîtriser,les coûts et les tâches
Un tiers du temps que j'ai passé à l'escale lors de ce tour du monde était pour maintenir, bricoler, entretenir, réparer le bateau.
Avec des amis on a décidé de lancer de service qui s'appelle Ready4Sea Une appli dispo sur apstore à tester gratuitement et qui permet de savoir qu'est-ce qu'il faut faire sur votre bateau, à quel moment; à quelle fréquence, pour réussir à larguer les amarres et quitter le port dans de bonne condition avec un bateau qui est apte à prendre la mer.

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